Les thérapies brèves
Les thérapies brèves : une pratique parallèle à l'hypnose Ericksonnienne
Nombreux sont ceux qui se sont déjà formés à l’hypnose et qui ont remarqué les limites de son utilisation avec quelques patients un peu difficiles. Voilà probablement pourquoi, parallèlement à l’hypnose éricksonnienne, les thérapies brèves apparaissaient en Californie. Hypnose et thérapies brèves se sont mutuellement enrichies et continuent à le faire, de la même façon que les différents courants de thérapie brève s’enrichissent les uns les autres.
L’essence même de cette pratique est de considérer que toute thérapie est une co-thérapie collaborative, la principale base du changement étant, au-delà de la technique, la relation humaine qui émerge de la relation patient-thérapeute, ce qui renvoie forcément à l’hypnose thérapeutique.
Ces thérapies sont toutes hypnotiques car elles créent des micro-transes en permanence lors de la séance. Le point de vue de ces thérapies qui va évidemment à contre-courant des représentations culturelles dominantes qui sont basées sur la recherche des causes du problème du patient.
Avec l’ADETAP nous avons fait le choix d’enseigner les thérapies orientées solution et les thérapies stratégiques au cours de la seconde année : le praticien apprend ainsi à mêler ces différents apports pour construire son propre chemin.
La thérapie orientée solution
Nous la devons surtout à Steve De Shazer (1940 – 2005). La thérapie orientée solution s’intéresse peu aux problèmes et à leurs causes. Elle tend à trouver puis à amplifier les éléments positifs déjà présents dans la vie du patient, alors que celui-ci n’est plus en mesure de repérer leur existence.
Ainsi, bien souvent, la 1ère question qui sera posée à un patient lors de la 1ère rencontre sera : « Depuis que vous avez pris RDV, qu’est-ce qui va mieux dans votre vie ? » Et si la réponse est : « rien » la question suivante sera : « Comment avez-vous réussi à faire pour que ça ne soit pas pire ? ».
Le thérapeute solutionniste pose sans arrêt beaucoup de questions. Le but de ce questionnement est de permettre au patient, à partir de ses propres ressources et donc de ses propres compétences, de définir un objectif concret, réaliste, le plus petit possible. Les tâches prescrites en fin de séance l’aideront à l’atteindre et le conduiront naturellement vers le changement auquel il aspire.
La thérapie stratégique
Le 1er modèle de thérapie stratégique brève a été élaboré par un groupe de savants au MRI (Mental Research Institute) de Palo Alto : Bateson, Watzlawick, Weakland, Fisch, Haley, et d’autres. De nombreuses rencontres sont organisées avec Erickson.
Malgré l’opposition d’auteurs attachés à la théorie et la pratique clinique traditionnelles, la thérapie brève connaît un développement intense à partir des années 50.
La thérapie stratégique est basée sur un modèle d’intervention logique, précis et rigoureux à partir de la description du problème. Ce n’est surtout pas au POURQUOI du problème que le l’on s’intéresse mais au COMMENT il fonctionne.
En nous demandant « Comment une situation donnée fonctionne ? », nous évitons ainsi de rechercher une « partie coupable ». Nous ne nous intéresserons donc qu’à ce qui détermine l’architecture du problème donc sa persistance, et à la façon de la modifier. Ainsi, face à une difficulté, ou un inconfort durable, chacun met en place une série de conduites visant à lui procurer le soulagement. Fort heureusement, la plupart du temps, nous trouvons la façon de faire qui met un terme à la difficulté.
Cependant il arrive que les actions de régulation mises en place ne permettent pas de retrouver un équilibre satisfaisant, la difficulté perdure avec l’inconfort qui en résulte : la peur grandit et devient envahissante malgré les efforts pour l’apaiser, la relation conjugale se dégrade en dépit des tentatives de réconciliation, la perte du contact avec les enfants s’intensifie malgré les moyens les plus créatifs pour s’en rapprocher, etc.…
C’est ainsi que se mettent en place les tentatives de solutions inefficaces qui sont reproduites et qui ne font qu’alimenter et amplifier le problème.
Le rôle du thérapeute apparaît maintenant plus clairement : il va utiliser toutes les techniques de communication nécessaires afin de permettre au patient de renoncer à ses tentatives de solution inefficaces.